Une page entière sur Charles MAURRAS dans un quotidien régional est un fait tellement rare qu'il faut absolument le faire savoir. Samedi 1er septembre, l'édition Martigues-Istres de "La Provence" a consacré sa page 3 à celui dont on célébrait le soixantième anniversaire de son décès.
(cliquez sur les images pour les agrandir)
Mais l'attention du journaliste Laurent ALEXANDRE a été essentiellement attirée par "l'héritage encombrant" que constitue la maison de Maurras pour la municipalité communiste de Martigues.
Son article commence ainsi:
"Le penseur d'extrême-droite, dont le 60e anniversaire de sa disparition est célébré aujourd'hui, avait souhaité céder la propriété familiale au domaine public. La mairie martégale se serait bien passée du cadeau dont elle ne fait rien...
Le lys et la faucille (avec le marteau) ne font pas bon ménage. Cette alliance contre-nature et inédite a pourtant été scellée à Martigues... Il ne s'agit certes pas d'un mariage politique mais d'un accord patrimonial. Une mairie communiste qui hérite d'une bastide ayant appartenu à un royaliste, ultra-nationaliste et farouchement anti-révolutionnaire, l'histoire n'est vraiment pas banale !"
Le journaliste fournit l'historique de la prise de propriété de ce terrain par la mairie, en donnant la parole à Nicole MAURRAS.
La conclusion insiste sur l'attitude équivoque des élus municipaux:
"Mais pour la municipalité, avoir hérité de cette bastide n'en reste pas moins encombrant. Elle n'en fait pas du tout la promotion. Au contraire, c'est comme si elle la cachait. A l'entrée du domaine, aucune plaque officielle rappelant le nom du donateur n'est accrochée. Et il ne s'agit pas d'un oubli. Sur le site internet de la Ville, le nom de l'ancien propriétaire des lieux est d'ailleurs soigneusement occulté, comme lors des Journées du Patrimoine, où c'est, officiellement, la "Maison du Chemin du Paradis" et non la Bastide de Charles Maurras qui est ouverte au public.."
Dans un second texte, Laurent ALEXANDRE, après avoir rappelé que la mairie a investi 203 447 € ces douze dernières années dans des travaux de rénovation, donne la parole à Gaby CHARROUX, député-maire Front de Gauche de Martigues qui "ne fait pas la distinction entre l'écrivain-poète martégal et l'intellectuel d'extrême-droite, nationaliste et antisémite. "Il ne faudrait pas être schizophrène. L'homme, son œuvre et ses idées politiques forment un tout et au nom des valeurs que je porte, je condamne les idées de Charles MAURRAS", argumente-t-il".
Ce sectarisme est regrettable car les enfants d'une même ville n'ont pas forcément les mêmes idées politiques et, quand ils ont acquis une certaine célébrité, il est normal de les honorer.
Mais quelles sont donc les "valeurs" que porte M. CHARROUX? Il ne cache pas que sont celles de la gauche la plus extrême. Les noms de nombreuses artères martégales le montrent bien. Les avenues de la Révolution Française et des Droits de l'Homme sont voisines avec les allées des membres de la sanglante Convention: Billaud-Varenne, Collot d'Herbois, Barère, Couthon, Danton, Saint-Just, Carnot (et aussi la place Robespierre. On peut passer aussi rue de la Commune, près du boulevard Louise Michet et de l'allée Eugêne Pottier. Les leaders communistes Marcel Cachin et Vaillant-Couturier ont également leurs plaques.
Après tout, l'attitude de l'édile de Martigues est tout à fait logique. Nous n'aurions qu'à le regretter sans plus insister.
Mais l'examen du plan de la ville révèle quelques surprises. Passons sur l'allée dédiée à Olympe de Gouges dont sa dénonciation de la Terreur et son opposition à Robespierre provoquèrent l'exécution.
Par contre, dans le quartier consacré aux artistes, on trouve des voies portant le nom de Sacha Guitry (emprisonné deux mois à la Libération et qui montra toujours des idées de droite) et de Pierre Fresnay (décoré de la francisque par Pétain). L'avenue des frères Lumière fait se souvenir des créateurs du cinématographe dont l'un (Auguste) fut nommé par Vichy au conseil municipal de Lyon et patronna la LVF, et l'autre (Louis) fut membre du Conseil National fondé par Pétain. Tous deux eurent la francisque. L'étude des biographies d'autres noms gravés sur les plaques permettrait certainement d'autres découvertes.
Que faire, alors que, d'après M. Charroux, "L'homme, son œuvre et ses idées politiques forment un tout"?
Faut-il épurer toutes les dénominations des rues de la Venise provençale? Il serait plus simple de reconnaître une petite place au plus célèbre des fils de Martigues. Soyons simple.
Dans sa ville comme dans toute la France, Charles Maurras est toujours d'actualité.
L'intégralité de l'article de "La Provence" peut être lue avec ce lien:
http://www.laprovence.com/article/a-la-une/martigues-la-bastide-de-maurras-lheritage-encombrant
A noter que Vincent DI GRANDE, dans un texte annexe (non reproduit sur internet), rappelle qu'un grand-père de Charles Maurras fut maire de Martigues et donne une bonne description de la ville dans laquelle grandit le futur écrivain royaliste.
Ce dossier se termine avec une bibliographie et l'indication de la partie de la médiathèque Louis Aragon où l'on peut lire des ouvrages de Maurras.