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Hollande, Valls et Fabius ne peuvent et ne veulent rien comprendre à l'Orient.

28 Février 2015, 15:19pm

Publié par AF Provence

La visite de quatre parlementaires français en Syrie a suscité de nombreux commentaires. En lui-même, ce voyage n'est pas une initiative très habile. Mais elle a eu le mérite de montrer que la position française officielle devient de plus en plus insoutenable. Hollande, Valls et Fabius ne peuvent et ne veulent rien comprendre à l'Orient car ils sont complètement enfermés dans une idéologie des droits de l'homme totalement décalée du concret.

Même "La Provence", qui ne se distingue pas beaucoup du "politiquement correct", a été obligée de l'admettre en donnant la parole vendredi 27 février à deux personnalités qui n'ont pas leur langue dans leur poche.

En voici les principaux extraits. Ces propos ont été recueillis par Frédéric CHEUTlN.

Hollande, Valls et Fabius ne peuvent et ne veulent rien comprendre à l'Orient.

L'ANALYSE DE FABRICE BALANCHE, directeur du Gremmo (groupe de recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient). 

- Pourquoi avoir fait (ce voyage) maintenant? Qu'est-ce qui a changé? 

Trois choses principales: la situation catastrophique en Syrie, les attentats de Paris et le retour des djihadistes en Europe. Le "ni-Assad, ni-Daech" n'est plus tenable.

D'autant moins que les autres Européens ont de nouveau des Chargés d'affaires à Damas. Grâce à la reprise de la collaboration des Allemands avec les services de sécurité syriens, nous avons des informations sur nos ressortissants partis "faire de l'humanitaire" en Syrie. Les Américains aussi ont repris contact avec Damas. Pour eux, Bachar a gagné.

Et, de toute façon, il n'y a pas d'alternative: l'opposition modérée est une rigolade et les rebelles modérés ne font pas le poids. Le but, aujourd'hui, est de préserver les institutions pour éviter un chaos total comme en Libye. La semaine dernière, Obama a de nouveau Qualifié Assad de "président". Cette simple évolution sémantique est un début de réhabilitation du régime. Le dernier ambassadeur américain en Syrie, Robert Ford, en pointe dans la lutte anti-Assad, a estimé pour sa part qu'il faut discuter avec le pouvoir. Cette évolution a commencé en septembre 2013, après l'utilisation des armes chimiques par Assad. Washington a négocié à ce moment-là, à l'initiative de Vladimir Poutine, son maintien au pouvoir en échange de la destruction de ces armes-là. 

- Assad devrait donc rester au pouvoir. À qui s'adressent, alors, les condamnations sans appel de nos dirigeants? 
Valls et Hollande condamnent la reprise" des rencontres car ils ont peur d'être attaqués au sein du PS par les "droits de l'hommistes". Fabius ne veut pas démordre de la position traditionnelle de Paris - Assad ne va pas tenir, l'opposition modérée lutte pour la démocratie-, sauf à se déjuger et à accepter de voir la réalité en face. La réalité, c'est que la Syrie est ravagée par une guerre civile intracommunautaire. Nos concepts, en Syrie, n'ont pas de valeur. Il faut bien le comprendre: en Orient, les sociétés ne sont pas mûres pour la démocratie.

Hollande, Valls et Fabius ne peuvent et ne veulent rien comprendre à l'Orient.

L'ANALYSE DE BENJAMIN BLANCHARD,cofondateur de SOS Chrétiens d'Orient

"Les chrétiens ont le sentiment d'être abandonnés" 

- Quel but poursuivent les djihadistes en s'en prenant aux chrétiens? 
Ils veulent vider le Proche-Orient de toute présence chrétienne pour faire un État islamique pur. Mais les chrétiens ne sont pas leur seule cible: les Alaouites aussi sont visés. Au début, à Homs, lors des premières manifestations anti-Assad, les djihadistes disaient: "Les chrétiens à Beyrouth, les Alaouites au tombeau." Désormais, c'est: "On va élargir le tombeau pour y jeter aussi les chrétiens". Les sunnites modérés aussi sont les victimes des djihadistes qui leur imposent des règles de vie qui ne sont pas les leurs. Dans les zones qu'ils tiennent, les familles n'osent plus sortir et sont terrorisées. 


- Comment la réaction de l'Occident, et particulièrement de la France, traditionnellement protectrice des chrétiens d'Orient, face à ces persécutions est-elle jugée? 
Ils ne comprennent pas. Ils ont le sentiment d'être abandonnés à leur sort. À Yabroud, les gens n'étaient pas initialement hostiles aux chrétiens. Et puis, ensuite, ils ont dû payer des impôts spéciaux, les croix ont été coupées, les églises dévastées ou brûlées. À la fin, les maisons chrétiennes ont été pillées jusqu'aux prises électriques! La France fait aujourd'hui la politique de ses clients, le Qatar et l'Arabie saoudite, qui partagent la même idéologie que les islamistes qu'ils soutiennent financièrement. 

- La France, par son inaction ou son soutien aux groupes rebelles, a-t-elle une responsabilité dans ces drames?

Responsabilité directe, je ne sais pas. lndirectement, sans aucun doute. Au lieu d'encourager la société civile, de pousser le régime à se réformer, elle a soutenu les extrémistes. Par idéologie, par soumission au Qatar... Ce qui est sûr, c'est que la position de la France a été trop tranchée dès le départ et elle ne peut plus négocier. Il est impensable qu'on n'ait plus d'ambassade à Damas. C'est avec ses ennemis qu'il faut dialoguer, pas avec ses amis. l 

- Que demandent aujourd'hui les chrétiens d'Orient
Ils demandent principalement qu'on ne laisse plus partir des djihadistes et qu'on exige de la Turquie qu'elle cesse de les laisser passer. Ils ne 1 demandent pas qu'on vienne se battre à leur côté. Ils sont très proches de leur terre et la défendront jusqu'au bout. Des groupes de défense ont d'ailleurs vu le jour en Syrie centrale et à Maaloula. 


- Asslste-t-on à une prise de conscience en Occident quant au sort fait aux chrétiens d'Orient? 

Si j'en juge par l'augmentation des dons faits à notre association SOS Chrétiens d'Orient, tout à fait. Mais ce n'est pas suffisant. Les politiques doivent faire évoluer leur pensée. Les laisser se faire massacrer "parce qu'ils soutiennent un vilain dictateur" n'est pas acceptable. les chrétiens, comme les autres Syriens, veulent la démocratie. Mais pas au prix de la vie, de l'exil, de la peur ou de la faim. 

 

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