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Le temps de la révolte

1 Octobre 2011, 10:31am

Publié par AF Provence

"L'ACTION FRANÇAISE 2000" paraît les premier et troisième jeudis de chaque mois pour donner le point de vue royaliste sur l'actualité. Sa lecture est indispensable. Voici l'éditorial paru dans le numéro 2824,  publié le 15 septembre, sous la plume de François MARCILHAC qui, complétant le récent communiqué du CRAF sur l'affaire Karachi,  montre qu'il faut se révolter contre l'agonie de notre nation.

LE TEMPS DE LA RÉVOLTE


   La République ne nous décevra jamais. Nous sommes les premiers à le regretter, parce que c’est le pays lui-même qui en subit les plus graves conséquences.

 

Tous les coups sont permis

   C’est d’autant plus vrai en ces périodes pré-électorales, où tous les coups sont permis, surtout s’il s’agit d’un concurrent direct : la République qui, aux côtés de la Liberté et de l’Égalité, a fait de la Fraternité un impératif catégorique, semble transformer tous

ceux qui la servent en faux-frères : les luttes entre adversaires politiques n’y atteignent pas le caractère inexpiable des rivalités opposant les membres d’un même clan. Ce qui fait penser à une mafia, ce n’est pas tant un degré plus ou moins élevé de corruption que la pratique, c’est-à-dire la manière dont les responsables s’entre-déchirent pour acquérir ou conserver le pouvoir, n’hésitant devant aucun coup bas, dans l’ombre mais aussi, parce que l’Opinion est reine, quand c’est jugé nécessaire, en pleine lumière, devant des citoyens pourtant de plus en plus blasés. Un ministre de Giscard, vers la fin du siècle dernier, avait évoqué, s’agissant, déjà, de son propre clan, « la République des copains et des coquins »... Un pléonasme ? Malheureusement le régime semble avoir tué chez les Français jusqu’à la pensée de la révolte.


UNE CORRUPTION GÉNÉRALISÉE

   Le Parti socialiste peut donner des leçons de morale à la majorité, englué qu’il est dans plusieurs affaires, dont l’affaire Guérini n’est que la plus emblématique - un Guérini que tous les éléphants du Parti, Montebourg excepté, ont, par intérêt à courte vue, soutenu jusqu’à la dernière minute. Qui croira à ces demandes d’explication, cette volonté de transparence, ces regrets que les affaires nuisent à l’image de la France dans le monde ? De Karachi à Taiwan, de Woerth-Bettencourt ou Woerth-Compiègne aux écoutes de journalistes, des emplois fictifs de la ville de Paris à la toute récente affaire Bourgi mettant en cause les relations africaines des plus hautes instances de l’Etat - et nous en oublions -, c’est une odeur de corruption généralisée qui s’exhale d’une Marianne qui confirme chaque jour davantage un rapport intime, d’aucuns diraient constitutif avec l’Or (surtout s’il est malhonnêtement acquis), cet Or dont Maurras, dans L’Avenir de l’Intelligence, opposait, en République, le règne à celui du Sang.

   « Jamais au spectateur n’offrez rien d’incroyable / Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable », écrit Boileau dans l’Art poétique. Le problème est qu’en République toute affaire de corruption ou de passe-droit, vraie ou fausse, est vraisemblable. Un comble, pour un régime qui a fait de la vertu sa pierre d’angle, que paraître avoir, pour terreau naturel, un compost d’affaires nauséabondes, où se putréfient intérêts privés et ambitions sordides ! Nous ne dirons pas « Tous pourris ! », parce que c’est faux, mais un régime qui a pour ressort l’argent et institutionnalise le conflit d’intérêts court tous les risques... en les faisant assumer par la nation.

AF 2000

LA FRANCE EN AGONIE?

   Car Marianne n’affiche cette vertu, comme les pharisiens la charité, que pour mieux s’en décharger sur le dos des simples citoyens. Jamais en effet l’exigence de vertu patriotique ne pesa plus sur les Français, transformés en braves Troglodytes, que sous la République : des citoyens qui, en échange du pouvoir illusoire procuré par le bulletin de vote, ont été privés de toutes leurs libertés concrètes et de leurs racines véritables, devenus des individus interchangeables en proie à des communautarismes artificiels ; sans compter les millions de « morts pour la France » dans des guerres mal préparées, mal engagées, mal gagnées, qui ont laissé un goût amer aux générations suivantes entretenues, par des élites cosmopolites, dans la méfiance de la nation et dans l’illusion de la panacée européenne, cheval de Troie du mondialisme ; sans omettre non plus un système social en pleine déliquescence, dans lequel le travailleur, et plus souvent encore le chômeur, doit de nouveau apprendre à « patienter » - la patience : une autre vertu républicaine -, au risque d’être coupé de toute vie sociale et de transmettre à ses enfants l’image dévalorisante d’une assistance indéfinie - misère morale peut-être plus profonde encore que la misère matérielle.

   Quant à la France, la voici affaiblie par une lente décomposition de son être même, atteinte dans sa dignité morale, son socle historique et ses traditions les plus essentielles, les familles menacées dans leurs soubassements par une droite et une gauche également « sociétales », le peuple soumis à une entreprise de dépossession de soi et de substitution, organisée au-dehors de ses frontières mais relayée, à Paris, par des « décideurs » qui mettent un point d’honneur à ne plus rien décider. Oui, la France, cette France « moisie », méprisée de ses fausses élites, semble entrée en agonie.


UN PEUPLE EN ESCLAVAGE

   Le plus affligeant est qu’en 2012 les candidats aux élections présidentielle, puis législatives, brigueront des Français le droit de continuer à se passer d’eux, puisqu’ils se conçoivent, presque tous, comme les fondés de pouvoir de ces instances supranationales, administratives et financières, qui dirigent désormais le pays. Rome envahie par les barbares conserva un temps consuls et sénat : mais ils avaient perdu tout pouvoir effectif, ornements ridicules d’un temps révolu devenus les truchements de maîtres étrangers. En 2012 un peuple esclave sera sommé de se choisir un nouveau maître : il a déjà l’assurance que celui-ci ne l’affranchira pas, du moins s’il le choisit, comme à son habitude, parmi les candidats « officiels », l’exécutif étant devenu lui-même exécutant.lys couché

   Quant aux représentants, leur fonction ne consiste-t-elle pas désormais à transcrire les oukases bruxellois en droit ...local ? Tel est le navrant destin de ce grand projet de dialogue entre un homme et le peuple que de Gaulle avait conçu en 1962, pour faire pièce aux partis : impossible dialogue, projet nécessairement avorté dans un régime resté soumis à l’oligarchie, avec cette donne nouvelle, par rapport à 1962 : c’est l’Europe qui désormais gouverne, avec la complicité d’un « pays légal » dénationalisé, ...qui n’a plus dès lors de « pays » que le vernis, surtout le temps des élections, où un certain patriotisme, de façade, resurgit. Hommage du vice à la vertu : c’est bien l’attachement à la patrie qui est le socle véritable de toute vie politique, preuve qu’ « ils » n’ont pas encore totalement réussi à déraciner le pays réel. Preuve aussi que le désespoir, en politique, est une sottise absolue.


   Car Renan se trompait : il faut troubler l’agonie des peuples - agonie, du reste, signifie combat -, d’autant que l’actualité, notamment avec l’euro, donnera peut-être de nouveau aux Français le goût de la révolte. Nous y invitons tous ceux qui partagent, sinon nos conclusions, du moins notre analyse, car il est temps, plus que temps.


François Marcilhac - AF 2824

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