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Il y a 70 ans: DAUDET

3 Juillet 2012, 01:20am

Publié par AF Provence

Il y a soixante-dix ans, le 1er juillet 1942, s'éteignait Léon Daudet à Saint-Rémy-de-Provence où il est enterré.

Ce grand compagnon de Charles Maurras est resté célèbre pour sa truculence de ses discours comme de ses écrits. A l'occasion de cet anniversaire, nous reproduisons le texte écrit par Jacques CEPOY dans L'Action Française 2000 - Numéro hors-série - Printemps 1999. La personnalité et l'œuvre de ce personnage-clef de l'AF y sont bien présentées.

La vidéo qui suit est un discours de Léon Daudet où il condamne la signature des accords de Locarno avec l'Allemagne. On peut y admirer toute son éloquence.

Léon Daudet

Le talentueux polémiste maniait tour à tour l’ironie, l’humour, le rire, l’indignation aux dépens de la canaille et des salopards.


    Léon Daudet naît le 16 novembre 1867 à Paris dans le quartier du Marais. Il est le fils d’Alphonse Daudet. Sa famille est originaire du Gard.

    Après de brillantes études au Lycée Charlemagne, puis au Lycée Louis le Grand (il est lauréat du concours général), il suit les cours de la faculté de médecine et devient interne des hôpitaux. Par son père cependant, il fait la connaissance de grands écrivains de son temps, Edmond de Goncourt, Flaubert, Drumont, etc... Après son mariage (seulement civil) avec Jeanne Hugo, en 1891, la petite-fille du poète, il est introduit dans les salons fréquentés par des personnalités républicaines.

    Il commence à publier des ouvrages écrits d’une plume vigoureuse et témoignant d’une grande richesse de vues, notamment Les Morticoles et Le voyage de Shakespeare. En même temps il collabore à plusieurs journaux dont La Libre Parole d’Édouard Drumont. Il semble promis à un bel avenir comme écrivain encensé par les serviteurs du régime.

Chasse aux traîtres

    L’affaire Dreyfus est pour lui comme pour tant d’autres un révélateur. Il mène le combat http://4.bp.blogspot.com/_gIoLGdD2C2w/TDrOEWhqOsI/AAAAAAAACwY/Bmt_DdrhOlQ/s1600/1255968771.jpgnationaliste contre les détracteurs de l’Armée et va rompre avec les milieux républicains.

    En 1903 il épouse sa cousine Marthe Allard qui, sous le pseudonyme de “Pampille”, possède déjà un joli talent de plume. En 1905 il rejoint Charles Maurras et l’Action française. Ce fut un des prodiges de l’A.F. que de réunir des tempéraments aussi contrastés que Maurras, Daudet, Vaugeois, Pujo, etc. Point de rivalité entre eux, chacun s’appliquait avec abnégation à servir la cause de la France et du Roi. Seule la mort put mettre fin à leur profonde amitié.

    En 1908, Daudet apporte 300.000 francs qu’il a reçu en héritage pour contribuer à la fondation du quotidien L’Action Française. Dans les années précédant la guerre de 1914, il publie des articles prophétiques qui seront rassemblés dans un ouvrage sous le titre L’Avant-Guerre.

    Durant la guerre, il s’attache à soutenir le moral des Français par ses écrits. Il s’engage aussi à fond dans la chasse aux espions et aux traîtres, dénonçant la collusion du ministre de l’Intérieur Malvy avec eux. Il en informe le président de la République Raymond Poincaré et provoque ainsi des poursuites judiciaires et des sanctions. En 1917, il est l’un des artisans de l’arrivée de Clemenceau au pouvoir.

    Élu député de Paris en 1919, il va dominer la Chambre de sa puissante personnalité. Il ne mène pas seulement un combat politique pour préserver les acquis de la victoire face à Aristide Briand. Il défend aussi la culture française, notamment dans un discours demeuré célèbre sur les humanités.

    L’assassinat de son fils Philippe, âgé de quatorze ans, en novembre 1923, l’atteint cruellement. Condamné pour avoir défendu sa mémoire, il s’enferme dans les bureaux de l’Action française avant de se rendre à la police (juin 1927). Il est emprisonné mais bientôt libéré par un stratagème des Camelots du Roi. Il s’exile alors en Belgique d’où il ne reviendra, gracié, qu’en janvier 1930.

    Ces malheurs, supportés avec courage, n’ont pas empêché Léon Daudet de poursuivre une abondante production littéraire. Celle-ci compte de nombreux romans, mais aussi plusieurs ouvrages de souvenirs où Léon Daudet se montre un narrateur et portraitiste inégalable. C’est aussi le mémorialiste qui écrira les deux volumes de Paris vécu et le Bréviaire du journalisme où beaucoup de nos confrères aujourd’hui puiseraient d’utiles conseils. On n’aura garde d’oublier Le stupide XIXe siècle qui est une critique percutante du libéralisme demeurée très actuelle.

    Léon Daudet avait l’art de rendre les idées vivantes en les personnalisant. Les hommes politiques et les journalistes se précipitaient chaque matin sur son éditorial de L’Action Française en redoutant d’être “épinglé” par le talentueux polémiste qui maniait tour à tour l’ironie, l’humour, le rire, l’indignation aux dépens des canailles et des salopards.http://www.schizodoxe.com/docs/2009/06/qui010809.jpg

    Orateur incomparable, il était souvent demandé en province où il transportait les foules. Il prit notamment la parole au rassemblement du Mont des Alouettes en avril 1926, devant 60 000 Vendéens.

    On a parfois caricaturé Léon Daudet en ne retenant que certains aspects extérieurs de sa personnalité, il ne faut pas s’en tenir aux apparences.. Ce bon vivant, qui savourait les plaisirs de la table, était aussi un homme d’une vaste culture. Tout l’intéressait, à la manière des humanistes de la Renaissance. Ce polémiste était aussi un homme profondément bon, animé d’un véritable esprit de charité. Ajoutons qu’engagé dans un combat politique, solidement attaché à ses convictions, il n’en avait pas moins une grande ouverture d’esprit. Membre de l’Académie Goncourt depuis sa fondation, son goût littéraire sûr lui fit reconnaître le talent de Marcel Proust, André Gide, Louis-Ferdinand Céline, Pierre Benoît.

Une “force française”

En janvier 1999, un universitaire borné, traitait Léon Daudet d’« anarchiste de droite ». Daudet n’était pas un polémiste qui tapait à tort et à travers. Ils savait contrôler ses humeurs car il s’était mis à l’école de Maurras qui lui avait enseigné les vertus de l’ordre. Il se battait avant tout pour le service de la France et dans le souci d’éviter aux Français de nouveaux malheurs. C’est pourquoi Maurice Pujo dans un article d’hommage à sa mémoire a pu dire de Daudet qu’il était bien plus qu’une force de la nature, «une force humaine» et une «force française».


Léon Daudet mourut le 1er juillet 1942 à Saint-Rémy-de-Provence où il est enterré.

 

tombe Daudet

 

Jacques Cépoy

 

 

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